L'érosion de l'idée européenne

Publié le par FaTraPa

Un constat simple s'impose aujourd'hui : l'Europe va mal.

Depuis mai 2005 et le rejet de la Constitution Européenne au cri d' "A bas les plombiers polonais", l'Union Européenne n'avance plus, pire, elle recule.

Comment peut-on parvenir à un jugement si catégorique ? Il suffit de faire le point sur les pilliers de la construction européenne.

1) Un cadre institutionnal supranational. Avec l'entrée des pays de l'Est, les institutions européennes sont devenus ingérables. Normal, elles avaient été designées pour 6 pays et nous sommes 25. Comme la logique nationale revient à grande vitesse au dépend du partage européen, tout nouvel arrangement se fait au dépend de l'Europe. Le Traité Constitutionnel n'amenait pas d'avancée (pour la première fois) mais quelques clarifications et dépoussiérages. Il était un moindre mal (plutôt lui que Nice). Mais maintenant nous sommes au fond du trou, écrasés entre les parois du "NON" et du nationalisme, incapables de bouger, de remonter. Quelle miracle viendra nous tendre la main ?

2) La libre circulation des marchandises. Apparemment le seul pilier qui ne tremble pas. Encore que nous nous fermons à l'extérieur (textile chinois). Refuser le libre jeu des marchés avec le reste du monde sera-t-il le premier pas vers un démantélement des acquis communautaires en la matière ? Et les marchandises devaient s'étendre au Service... Mais le psychodrame Bolkeinstein est passée par là. Alors que le tertiaire comprend plus de 60% des salariés, alors que nous sommes spécialisés dans le service de pointe (plus d'assureurs et de banques en France que de plombiers, couvreurs), nous avons préféra nous renfermer sur nous-mêmes.

3) La libre circulation des personnes. Oh pour nous Frenchie pas de souci mais pour les Polonais, Hongrois, etc., c'est une autre histoire. Il y a maintenant en Europe deux sortes d'hommes, les pures (qui vont où cela leur chante) et les faire-valoirs qui ne doivent pas sortir de leur frontière sinon gare à eux. Cette situation est intolérable! D'autant plus que toutes les études montrent que l'arrivée des travailleurs est-européens (dans les trois pays l'ayant autorisé) a été bénéfique. Il est évident qu'ils viennent pour mieux rentrer dans leur  pays. Nous préférons les laisser aux portes de notre espace vital des bons européens. Notre haine des autres est telle que notre racisme touche des pays de l'Union Européenne.

4) La libre circulation des capitaux. OPA de Mittal sur Arcelor, "non, non" disent les gouvernements français et luxembourgeois. OPA d'une banque hollandaise sur une banque italienne, "non, non" affirme le directeur de la Banque Centrale italienne (avec une petite fraude au passage mais la nation avant tout), OPA international dans le secteur de l'électricité en Espagne, "non, non" fait le gouvernement espagnol en passant une loi l'interdisant (la commission va réagir mais on peut s'attendre à une pression franco-espagnole pour sécuriser cette loi). Bienvenue dans le passé! Le nationalisme (patriotisme, quelle foutaise!) économique vit de bien belles heures...

Les Européophiles devraient regarder les choses en face : l'Europe s'érode. Le non a gagné le référendum en luttant contre une partie existant depuis le traité de Rome, contre les bases de l'Union. Fini l'attente docile d'une relance, fini l'espoir d'un plan B, il faut sauver l'idée européenne. Il faut agir maintenant. Chacun a son échelle à son petit rôle à jouer : convaincre ses proches que l'Europe se joue maintenant ou elle s'effacera un peu plus chaque année. Si l'Europe n'intéresse plus, si elle ne revient pas dans le débat politique, alors l'échec sera retentissant et nous détruirons l'espoir de plusieurs millions de personnes en Europe et dans le monde, l'espoir de sortir de l'ère des Nations.

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